Blog d’une fan – extrait

… A chaque grand tournant de ma vie, j’ai ressenti ce besoin irrépressible de me réfugier au Normandy Beach B&B à Arromanches. On parle des heures devant l’énorme cheminée, en Anglais please, on rit, on pleure, sans jugement et les bras grands ouverts. Ça m’a toujours fait un bien fou, je repars à chaque fois rassérénée, plus légère.


Et j’aime l’endroit. Un vieux corps de ferme qu’ils ont retapé de leurs mains pour loger dans la gigantesque grange cinq chambres d’hôtes dont la déco ‘6 juin 1944’ fait, sans doute aucun, de l’ombre au fameux musée à côté.
Ainsi, le pied de la lampe de chevet est une cartouche d’obus, les casques des GI hébergent des géraniums, je soupçonne même qu’un des dessus-de-lit a été fait dans une toile de parachute…


J’adore leur porridge qu’ils arrosent généreusement de whisky. A 8.00 du mat, ça débouche les sinus. J’adore les bières partagées avec les bikers anglais sur la grande table dans la cour, le vrai char d’assaut sous le préau, Dyson le chat-aspirateur de miettes, son prédécesseur Voldie le chat ‘who has no name’ et par-dessus tout, j’aime leur incroyable hospitalité.


Un petit quelque chose qui m’a toujours faite me sentir chez moi.
Une fois, la cour était tellement remplie de motos qu’on avait peine à circuler. Moi, le trip moto et mécaniques en tout genre n’a jamais vraiment été mon dada mais l’ambiance, la convivialité, la passion partagée ont toujours su gagner mon coeur de parfaite néophyte.


Alors, même si je faisais un peu semblant, je l’avoue, moi aussi je me suis extasiée devant les écrous flambant neufs et les carénages rutilants. La bière aidait beaucoup, il faut bien le dire.


Ça, la bière gratos a toujours été très importante pour Adrian. Je me souviens qu’il entassait des douzaines de bouteilles dans une poubelle géante avec des glaçons et qu’il invitait ses guests à se servir sans aucune façon. En général, c’était plié en deux heures.


Et plus tard dans la soirée, on veillait autour de la cheminée, tout le monde se parlait, un verre de calvados à la main. A l’époque, j’étais moins bilingue que je ne le suis aujourd’hui et j’avais du mal avec l’accent so british de certains donc cela donnait lieu à pas mal d’interprétations approximatives de ma part mais au final, à de franches rigolades.


18 ans que j’aime le Normandy Beach B&B. Découvert un peu par hasard alors qu’il venait tout juste d’ouvrir. J’ai toujours préféré les chambres d’hôtes aux hôtels classiques, c’est plus convivial. Et là, j’ai été plus que ravie, instantanément conquise.


A l’époque, ils n’avaient que trois chambres de refaites en haut de la grange et ils attaquaient la rénovation d’une quatrième. La cinquième, celle où je suis, a été refaite bien plus tard.


C’est ma préférée. Au rez-de-jardin, attenante au corps principal de la ferme, avec ses murs en pierres d’époque, son petit air de cottage et ma voiture garée juste devant, j’ai l’impression d’être dans un motel.
J’étais là d’ailleurs, le jour où ils ont dégagé les moellons de cet ancien grenier à grains. J’étais attablée au petit-déjeuner devant mon porridge assaisonné de whisky lorsque j’ai vu passer Adrian avec une tasse de café et un grand verre de calva dans les mains. Devant mon oeil interrogateur, il s’est exclamé : « C’est pour l’arpète, le jeune qui m’aide aux travaux, sinon, il avance pas ! »


Un grand moment. Comme tous ceux que j’ai passés ici depuis. Mon sanctuaire. Mon refuge. Mon home sweet home.